Merci à l’AG féministe de Montreuil, leur communiqué à propos de la réunion publique contre la baudrière

Le 18 avril, une adjointe à la mairie de Montreuil à pris part à une réunion de voisin au côté de l’adjointe au commissaire de Montreuil pour accélérer le processus d’expulsion du squat de la Baudrière.

En tant que collectif féministe, nous avons été sollicitées par les habitant es de la Baudrière pour en discuter. Plusieurs éléments nous ont interpellés. Tout d’abord, lors de cette réunion mais aussi en amont dans un document judiciaire transféré à la Baudrière, des propos ouvertement racistes ont été tenus par les voisins.

Ces propos ciblent tout particulièrement les jeunes mineurs isolés hébergés par les Midis du Mie : “cette organisation qui s’occupe des migrants, c’est une honte”. “Ces jeunes sont en fait de jeunes africains. Notre rue qui était calme devient invivable…” “des africains qui font la fête le soir, qui font la rumba devant nous”, “les minorités mènent le pays”.

Seule réponse de la mairie : “je comprends bien l’exaspération qui est la vôtre.” De même, lors de la réunion, l’élue présente n’a pas critiqué les propos racistes.
La mairie de Montreuil qui se définit humaniste et prône le vivre ensemble devrait être ferme dans la condamnation de tels propos.

En outre, nous avons appris que l’adjointe du commissaire et l’adjointe de la mairie auraient expliqué que les raisons pour lesquelles les occupant-e-s de la Baudrière avaient obtenu un délais – situation de précarité et problèmes de santé pour certain.es habitant.es- seraient mensongères. Elles auraient insinué que loin d’être des personnes marginalisées et isolées, ielels seraient dans des situations économiques et sociales confortables.

Nous rappelons que les jeunes personnes LGBTQI sont parmi les plus exposées aux violences sociales et psychologiques, notamment les personnes trans.
50 à 60% des personnes trans vivent des violences ou du rejet de la part de leur famille et 70 % d’entre elleux des violences tout court. Sans parler de la difficulté d’accès au travail, au logement.

Remettre en question la réalité sociale de ces personnes est une atteinte à leur dignité et participe aux processus de marginalisatin des personnes LGBTQI qui choisissent de s’auto organiser pour survivre, qui créent du lien pour sortir de l’isolement et des violences.

En tant que mairie féministe, la ville de Montreuil devrait, au contraire, soutenir ce genre d’initiative.

Nous avons également appris que lors de cette réunion, la mairie aurait déclaré l’habitude de contacter les propriétaires de logements vides à Montreuil pour leur demander de renforcer la sécurité anti-squat. Il nous semble que dans un contexte de crise du logement, une mairie communiste devrait, plutôt que de défendre la propriété privée, aider et soutenir les modes de vies alternatifs et collectifs.

Au delà de cela, nous sommes plus qu’interpellées par le fait que l’adjointe au commissaire et l’adjointe à la mairie aient incité les voisins à porter plainte en leur disant de ne pas utiliser le motif de tapage nocturne mais celui d’agression ou encore de dégradation, alors que jusqu’à présent aucune agression ni dégradation n’a été constaté. Elles auraient en outre sous entendu qu’il n’y aurait pas de vérification de ces accusations.

Ce processus de dénonciation aveugle est une injustice qui va à l’encontre du devoir d’impartialité des autorités publiques. Ce n’est pas à la mairie ou à la police municipale de choisir un camp lorsque un processus de justice est en cours.

Cet encouragement à porter plainte pour des accusations non vérifiées de dégradation est une dérive grave et inquiétante d’autant plus qu’elle vise des personnes LGBTQI et précaires.

Sous couvert d’être féministe et pro-LGBT , la mairie se permet de porter une politique sécuritaire et répressive. Le féminisme lutte pour les droits de toustes, et pas uniquement des propriétaires et des locataires droits dans leurs bottes.

Une des discussions avec les voisins a tourné autour du manque de policiers pour gérer le squat. Pour les populations marginalisées la police n’est pas une garantie de sécurité, bien au contraire.

Rappelons que la Seine Saint Denis est un des départements qui enregistre le plus grand nombre de plaintes pour violences policières. Pour nous il est insensé de se dire féministe et d’adopter une telle posture vis-à-vis de la Baudrière qui est un lieu de vie et de lutte féministe et LGBTQ|+. Ce n’est pas parce que la mairie ne partage pas le même féminisme qu’elle doit traiter les habitants de la Baudrière comme des nuisibles.

D’autres solutions sont possibles.
Au tout carcéral et répressif, nous préférons le dialogue. Nous pensons ainsi qu’il serait possible et préférable de permettre un dialogue entre le lieu et les voisinEs concernant les revendications de ces derniers.
Sur la question plus vaste du droit au logement des personnes LGBTQI précaires et isolées, il nous semblerait mieux d’accompagner, d’aider, de soutenir, que de réprimer, condamner, expulser. Surtout face à la montée des extrêmes droites qui ciblent particulièrement les populations LGBTQI. Les différentes composantes de la “gauche” devraient se sentir solidaires les un-e-s des autres.

En tant que féministes, nous nous tiendrons jusqu’au bout aux côtés de la baudrière !