Salut ! Alors c’est un sujet un peu théorique, tel qu’il peut être posé mais en réalité, il peut-être simple à appréhender.
Je suis pas un grand lecteur, je n’es pas non plus fait d’étude, mais parfois des livres sur des sujets qui me, nous concernent m’intéresse. Je suis tombé sur ce livre par hasard gentrification des esprit, en lisant le livre « Pour une esthétique de l’émancipation », qui cherche à montrer comment l’écriture de l’Histoire de l’art à minoré/ invisibilisé l’importance des engagements politiques et affectifs des artistes et rendu inopérant/ absent la portée sociale de leur oeuvre,
je l’ai trouvé dans la bibliographie. Et je trouvais grave intéressant le biais que faisait Sarah Schulman entre gentrification, donc un processus urbain concret et matériel et l’esprit qui relate plus de l’imaginaire, du politique, des relations…
Et en vrai en y réfléchissant c’est pas si con. Je vais partir de moi, j’ai toujours appréhender la ville comme un espace neutre, je me suis jamais questionner sur l’impact que cet habitat pouvait avoir sur moi, sur comment je me comporte, comment je consomme, comment je regarde, j’observe…
On vie quand même dans des espaces qui, quotidiennement, peuvent être une violence. Déjà vivre en ville confortablement c’est pas pour tout monde. Seule les personnes ayant les moyens de travailler, de s’assimiler aux normes hétérosexuelles, cis et blanches des villes occidentales peuvent y trouver leur places.
La ville c’est aussi insoutenable écologiquement, c’est l’absurde, la compétition, la densité, c’est la réalisation d’un monde capitaliste, et d’un État qui centraliserais ses ressources et sa main d’oeuvres.
C’est aussi le contrôle permanent de ton comportement, de ce que tu pense, c’est l’afflux constant de publicité (quand je parle de comment j’observe c’est aussi cerner le fait que la ville est pensé) , de normes, d’esthétisme, de consommation. Et déjà ça, ça a un impact sur la manière dont on vie dans notre habitat.
Contexte du livre: Dans les 1980, à NYC il existe des ghettos queer/ des quartiers pauvres de personnes marginalisé , d’espace ou concretement un contexte culturel permet d’envisager de se percevoir sans avoir à se rabaisser à l’approbation du monde hétéro
(Quand on parle d’écologie, on parle de relations qui structurent le vivant/ des société. On se sens, la lutte écologiste est une lutte qui vise à repenser ces relations dans une logique de libération du vivant, humains y compris, en cassant donc les dynamiques racistes, patriarcales, capitalistes…)
Gentrification des esprits ou la menace d’une assimilation pacificatrice.
« Je zappe les stations de radio, déterminée à me familiariser avec les derniers hits, à me montrer plus en harmonie avec la culture pop, je m’efforce de m’imprégner jusqu’à en mourrir d’ennui, avant de me rabattre sur la radio publique nationale. Bizarrement, c’est le vingtième anniversaire du sida.
Dépayssée par les palmiers qui m’entourent, j’écoute. Le présentateur évoque des évènements dont j’ai une connaissance intime organique, des évènements qui ont marqué les fondements émotionnels de ma vie d’adulte. Et pourtant, il y a quelques choses d’étrangement détendu dans la manière qu’il a de raconter cette histoire. Elle a été légèrement banalisée, homogénéisé.
C’est la première fois que je suis témoin de l’historicisation du sida, et il y a quelque chose de trop propre dans ce récit, quelque chose qui sonne faux. Quelque chose de … gentrifié.
« Au début, l’Amérique avait du mal avec les personnes atteintes du sida », explique le présentateur sur un ton faussement conversationnel, destiné à se montrer rassurant face à des phénomènes apocalyptiques. « mais ensuite, son opinion à changé. »
J’ai failli avoir un accident de voiture.
Oh non ai-je pensé. Pas ça. Pas après toutes ces morts, toutes cette douleurs, cette réalité intolérable de persécution, de la souffrance et de l’indifférence de ceux.celles qui étaient à l’abri. Maintenant iels vont faire comme si la situation avait finit par, naturellement, comme d’habitude, s’améliorer. C’est comme ça que nous sommes, nous les gentil.les américain.es. Nous changeons d’opinion lorsque c’est la meilleur chose à faire. Nous sommes tellement gentils.les. Tout se passe exactement comme il faut.
Vraiment ? Je prends conscience – comme lorsqu’on s’aperçoit qu’on ne va pas pouvoir éviter le train et qu’on reste coincé.e sur les rails: c’est à ça que va ressembler l’histoire officielle du sida ? »
Sarah Schulman est une militante lesbienne du collectif Lesbien Avengers et d’ACT UP et est l’autrice du livre LA GENTRIFICATION DES ESPRITS. Au travers de cet ouvrage, elle raconte comment en l’espace de quelques années New-York s’est vu transformer par la disparition de la culture rebelle queer, des loyers à bas coût… La crise du sida, entrainant la mort de nombreux.ses adelphes, ne fit qu’accélérer un processus de gentrification, où des appartements fut abandonner et réoccupé par une population blanche dépolitisé et riche. Une certaine écologie (du coup quand on parle d’écologie on parle d’un système relationnel et sociale précis/ communautaire) urbaine de l’existence sous culturelle queer a été balayée a la fois par le sida et la gentrification; de cette écocide résulte un appauvrissement de la diversité.
Les locataires remplaçant.es apportaient avec eux.elles une culture de privilèges. Iels.elles percevaient leur domination comme à la fois inexistante et relevant de l’ordre naturel des choses. C’est l’essence même de l’idéologie suprémaciste (idéologie de domination/ de supériorité): le prétexte aveugle selon lequel le pouvoir s’acquiert au mérite et ne suit aucun mécanisme d’exécution. Ainsi, au sein d’une société construite sur leur ascension, les privilégié.es désapprennent l’existence des ancien.nes résident.es par une conscience d’eux.elles-mêmes distordue et atemporelle.
On fait comme si ces personnes n’avaient pas perdu leur foyer et n’étaient pas mortes, et on substitue à cette réalité une fausse histoire selon laquelle les gentrificateur.rices n’ont pas structurellement imposé leurs privilèges mais les ont mérités naturellement et dans la neutralité.
La gentrification est un procédé qui masque l’appareil de domination aux dominant.es.
C’est la raison pour laquelle on constate un étouffement de la vie publique à mesure que la gentrification progresse dans les quartiers. Des permis sont tout à coup requis pour performer, manifester, danser dans les bars, jouer de la musique dans la rue, vendre de la nourriture, peindre des fresques, fumer de l’herbe… La nature décontractée de la vie dans les quartiers devient menaçant, il faut la réprimer et la contrôler.
Heureusement l’industrie milliardaire du développement personnel nous invite à percevoir ce contexte biaisé comme neutre: acceptez-le. Soyez reconnaissant.es, ne résistez pas.
Une drôle de passivité s’accompagne donc avec la gentrification. Une gentrification des mentalités qui se fondent sur la croyance que l’obéissance envers l’identité consumériste plutôt que la reconnaissance des expériences vécues est normale, neutre et indépendantes de toute valeur. La gentrification a remplacé les expériences vécues par l’illusion des privilèges, et a qualifié cela de réalité; elle nous demande de penser que les choses sont meilleures qu’elles ne le sont, et cela est censé faire notre bonheur. Curieuse définition du bonheur qui nécessite le déni de l’expérience vécue par tant d’autres personnes. D’un autre côté, pour certain.nes d’entre nous, le bonheur dépend de la quête du réel et ce même si le processus nous inquiète.
Une gentrification des esprits aussi, en adéquation aux exigences économiques et celle de la professionnalisation. L’instinct professionnel entrainent dans des directions différentes: s’adapter, se trouver une position dans la société et même inconsciemment manipuler des contenus queer, féministe pour en faire des objets dépolitisés, individualisés et déconnectés de toute relation de pouvoir.
La vérité réside dans la complexité, l’empowerment, l’agentivité des opprimé.es, tout cela est remplacé par l’acceptation de la banalité, une conception de soi qui se construit à tort sur la passivité et sur l’impossibilité de s’accomplir comme investigatrice puissante et actrice d’un changement social profond.
Quel est le processus ? Qu’est-ce-qui homogénéise la complexité, la différence, l’action dynamique et dialogique en faveur du changement et les remplace par une uniformité, par une institutionnalisation culturelle, par une absence de remise en question du pouvoir en place, par une paralysie ?
Comment les conséquences inexplorées du sida et la gentrification des villes au sens littéral ont favorisé une diminution de la prise de conscience de la manière d’opérer des changements politiques et artistiques.
Comment revendiquer des modes d’égalité sans que la résolution de cette revendication permettent son absorption par les mécaniques du pouvoir ?
Quels impacts ont sur nos imaginaires les réseaux-sociaux( la manière dont nos collectif et mvt tendent vers une communication et politique sur les RS -> induit indirectement une uniformisation de l’esthétisme, des normes, du discour politique notamment a cause des algorithmes, de la censure…
C’est comme si notre imaginaire plonger dans le virtuel.) , les séries, magazines sur par exemple l’esthétisme, la politique… ?
Comment retrouvé des moyens de lutte plus offensif et anticapitaliste ? Vive le squat, les zones à défendre, l’autonomie…
Comment ne pas tombé dans l’éloge de « oui mais nous sommes représenté maintenant dans les séries et gouvernement ! » ?
« S’ils-elles avaient la possibilité de vivre tranquillement, c’était grâce à la fureur audacieuse des ancien.nes. »